Accueil Producteurs - Acteurs Une analyse des millésimes en Champagne, par Mathieu Roland-Billecart, Président de Billecart-Salmon

Une analyse des millésimes en Champagne, par Mathieu Roland-Billecart, Président de Billecart-Salmon

by Anne Garabedian

Mathieu Roland-Billecart décrypte pour nous les vingt premiers millésimes de ce siècle. Le Président de Billecart-Salmon, 7ème génération à la tête de la Maison, connaît son sujet. Il analyse parfaitement comment les aléas climatiques donnent un caractère unique à ses champagnes. En quelques mots, il trace efficacement la ligne organoleptique de chaque année. 

« Être vigneron, c’est travailler avec la nature. Chaque personne qui a un potager ou un verger sait très bien que tous ses fruits ne sont pas parfaits tous les ans. Pour les vignes, c’est la même chose. Quand on travaille avec la nature, il faut l’accepter. »  

Mathieu Roland-Billecart, Président de Billecart-Salmon, 7ème génération à la tête de la Maison.

« C’est août qui fait le moût » 

« Même dans l’adversité météorologique, on peut avoir de très grands champagnes et l’année 2012 en est l’illustration parfaite : c’était un printemps et un hiver très compliqués, du gel et des maladies… Mais la fin de l’été a été décisive : une vendange tardive fin septembre et des rendements limités. Dans les jus, un bon mélange d’équilibre et de concentration. C’est cette expérience qui me réconforte quand on a un début de saison difficile : ce n’est pas la météo du printemps qui préfigure la qualité de nos vins. »

Préserver l’exception

Billecart choisit de sortir des cuvées de prestige quand le comité de dégustation juge que l’on est bien au-delà du très bon : il faut être dans l’exceptionnel. « Faire le choix de ne pas sortir une cuvée, parce qu’on estime qu’elle est un peu en dessous, cela permet de préserver la réputation d’exception de nos millésimes. Dans notre manière de diriger l’entreprise, c’est de la politique sérieuse et à l’ancienne. » 

« Mon nom de famille est sur la bouteille. C’est une sacrée responsabilité. Alors quand on sort une cuvée, il faut que ce soit au top et que nous en soyons fiers. » 

Mathieu Roland-Billecart

Les millésimes de ces dernières années

Les années 2002, 2008, 2012 sont vraiment les « bêtes de concours » de ces dernières décennies. Ensuite, il y a eu de belles surprises et des trilogies d’anthologie. Mathieu Roland-Billecart nous raconte comment il a ressenti chaque année, et il repart de 2013.

2013

« Les 2013 sont peut-être le dernier millésime froid qu’on a connu : Des vins d’une grande pureté, d’une grande minéralité. C’est une année « licorne », je ne suis pas sûr qu’on reverra une année de ce type. Donc, les amoureux des champagnes tendus, il faut qu’ils attrapent les 2013, parce qu’il n’y en aura pas d’autres ! »

2015

« Les 2015 sont très jolis, complètement opposés aux 2013. Ce sont des millésimes de maturité, de richesse, un peu comme les 2006. Nous avons fait le choix de ne pas sortir de millésime en 2014 ni en 2016. »

2018/2019/2020

« Cette fameuse trilogie 18, 19, 20 ressemble à la trilogie mythique de 1988/1989/1990. Une très grande qualité des trois vendanges successives. Mais 2022 est également magnifique. Il fallait vraiment chercher pour trouver des choses qui n’allaient pas ! »

Et 2023 ?

« Cela dépend des forces et des faiblesses. En ce qui nous concerne, pour les rosés, ce sera très bien. En 2023, le grand gagnant est le chardonnay qui s’en est très bien sorti. Sa capacité à vivre avec l’adversité a été meilleure. On voyait, à l’œil et en le goûtant, qu’il avait une netteté et une pureté très claires. Et le deuxième gagnant, c’est le vin rouge. Il a fallu trier énormément, à la vigne comme à la cave. Mais ça nous donne des rouges qui sont étonnamment concentrés, étonnamment nets et avec un bon côté juteux. Je n’aurais pas parié cela aux vendanges ! Mais après, il y a eu un tri drastique entre ce qu’il y avait dans les vignes et ce qu’on a mis dans les cuves. Les deux tiers ne sont pas rentrés. Mais grâce à ce tri, ce qu’on a vinifié est magnifique. Au final, c’est ce qui compte ! »

Pour aller plus loin

L’article « Billecart-Salmon, le millésime 2012 en deux cuvées : Elisabeth Salmon et Louis Salmon », est à lire dans la revue Le Cœur des Chefs Numéro 16, Automne/Hiver 2024, à paraître en novembre 2024. S’abonner ou commander au numéro ici.

Photos ©Le Coeur des Chefs et Leif Carlsson (Portrait d’ouverture)

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https://www.champagne-billecart.fr

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