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Le prix du pain

by Anne Garabedian

Aujourd’hui, la filière céréalière nous écrit en portant à notre connaissance la nouvelle campagne Leclerc sur « la baguette à 23 centimes ». Alors que nous ne cessons d’affirmer, soutenant les agriculteurs français, que se nourrir avec une alimentation de qualité a un prix, cette campagne va totalement à contre-courant des efforts de toute une filière. Remettons un peu les arguments en perspective. 

La valeur des choses

Dans le dossier spécial « Nourrir la France » réalisé en pleine crise Covid, nous avions apporté plusieurs réflexions complémentaires : en préambule, il faut faire le point sur le budget alimentation des Français qui est passé de 30% dans les années 60 à 13 % aujourd’hui : autant dire que dans notre budget global, se nourrir n’est plus une priorité.

Êtres des consomm’acteurs

Pourtant, petit à petit, les Français prennent non seulement conscience de l’importance de la qualité de leur alimentation, mais également de l’engagement social qui accompagne leurs achats. Nos actes définissent à la fois notre santé (quels produits pour se nourrir mieux, pousser notre exigence de qualité au quotidien) mais également notre implication dans les filières françaises (acheter des ingrédients produits sur le territoire national pour participer à une meilleure rémunération des producteurs de notre pays dans le cadre d’une vision à long terme.)

Un travail de longue haleine

Ces efforts conjoints de la population engagée, des filières Françaises et des relais d’influence dont nous faisons partie, se heurtent à la réalité économique des prix. Se nourrir bien et français coûte cher. Mettre en avant les filières de producteurs, le bio, les artisans, c’est devoir répondre à la réponse de l’industriel : 29 centimes la baguette, tu ne peux pas lutter.

Et bien si, on lutte !

On lutte avec nos armes : la parole donnée, l’explication, la transmission, la mise en lumière de ceux qui se battent pour produire mieux. Sans chapelles, sans conflits d’un lobby à l’autre, du raisonné au bio, du petit producteur à l’entreprise plus structurée, un point commun vous rassemble : nous sommes tous des convaincus que produire des ingrédients de qualité en France a une valeur. 

L’éclairage de la filière céréale

Les céréaliers de France, l’Association de la Meunerie française et Intercéréales co-signent un texte qui pose le problème en termes simples et que nous partageons ici : 

« Alors même que les cours des céréales, et par conséquent de la farine, connaissent des prix élevés, que les coûts de production (énergie, salaires, etc.) progressent fortement et que la moyenne du prix de la baguette, en France en 2021, selon l’INSEE est de 0,90 euros, le groupe Leclerc annonce des prix volontairement destructeurs de valeurs, pour tous les maillons de la filière céréalière française. Et ce, alors que le gouvernement et l’ensemble des filières travaillent pour rémunérer justement les agriculteurs.

Alors même que le savoir-faire et la qualité de la baguette française sont en passe d’être reconnus par l’UNESCO, l’excellence des agriculteurs, des collecteurs, des meuniers et des boulangers, que le monde nous envie, est bradée.

Dans ces conditions, la filière céréalière s’interroge sur les prix pratiqués par les magasins Leclerc et se demande qui peut en vivre dignement. » ( …)

Communiqué de presse du 12 janvier 2022, Association de la Meunerie française, Intercéréales, AGPB Céréalière de France.

Pour aller plus loin : 

Le dossier « Nourrir la France » est à lire dans le magazine Numéro 8 (à commander ici). Vous y trouverez : 

  • « L’exemple effarant de la Fraise », comparatif entre les coûts de production d’une fraise française et d’une concurrente espagnole.
  • « Le budget alimentation des Français », comparatif avec les pays européens. (Chiffres 2018)
  • « Faire ses courses est un acte citoyen », par Xavier Alberti, Président des Collectionneurs.
  • « La valeur des choses » : Christelle Garnier, agricultrice en céréales bio, BioCoop.
  • « Dis-moi quel boulanger tu es » : Pierre Ragot proteste contre les farines de contrebande.
  • « Des vaches, du lait, du beurre, beaucoup d’amour » : le quotidien combatif d’agriculteurs français en Anjou, Mickaël et Mélanie Loiseau, Belle Miss’Terre.

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