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MOF Cuisine : Jean-Luc Chabanne répond à nos questions

by Anne Garabedian

Beaucoup d’interrogations restaient en suspens sur les frais d’inscription au MOF. Nous avions eu Jacques Maximin, Christophe Quantin et d’autres, il fallait que le COET-MOF nous éclaire. C’est chose faite avec l’interview ce matin de Jean-Luc Chabanne, Secrétaire Général du Coet-Mof. Comme toujours, ce n’est pas avec quelques publications sur les réseaux sociaux que l’on peut se faire une opinion. On va essayer de vous faire une synthèse, mais si on s’intéresse au sujet, il faut un peu se plonger dedans quand même. Le message principal à faire passer est : « Ne laissez pas tomber ! ». Et maintenant on vous explique.

Photo : L’envoi du lièvre de Franck Putelat, saucière à la main, sous les yeux de Jacques Maximin, Lycée Hôtelier du Touquet, 22 novembre 2018. ©lecoeurdeschefs

Poser le contexte

Le concours des Meilleurs Ouvriers de France a toujours été financé par des fonds publics. La loi du 5 septembre 2018, passée quasi inaperçue, a fortement impacté le fonctionnement de la formation professionnelle. C’est tout le modèle économique du Concours des Meilleurs Ouvriers de France qui doit se réinventer pour appliquer les textes. 

D’un autre côté, le milieu de la cuisine porte haut les couleurs du col bleu-blanc-rouge. Les MOF Cuisiniers représentent 2 à 5% des lauréats de chaque session, mais sans doute 200% de la médiatisation du titre. Au Cœur des Chefs, nous aimons ce concours et les valeurs d’excellence qu’il porte. Nous avons donc été très contrariés lorsque plusieurs d’entre eux nous ont appelé en nous disant : « Il faut payer, je jette l’éponge ». (Voir notre article précédent ici  )

Le COET-MOF nous répond

Jean-Luc Chabanne, Secrétaire Général du COET-MOF, a répondu à nos questions ce jeudi 1er octobre. Le nœud n’est pas simple à démêler vu qu’il n’a pas de visibilité sur les prochains mois, (notamment à cause d’un retard de France Compétence sur le sujet). L’organisateur reconnaît qu’ils se sont un peu loupés sur la communication aux candidats et nous a éclairé en toute transparence sur le fonctionnement financier (hyper complexe, il faut l’avouer) d’une telle organisation.

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Comment financer le concours ?

« L’organisation du concours des Meilleurs Ouvriers de France coûte très cher. L’Etat, avec la Loi de 2018 pour « la liberté de choisir son parcours professionnel », a supprimé les subventions directes à l’organisateur COET-MOF en souhaitant que le concours soit financé par la formation professionnelle. Nous aurions pu aussi demander à des entreprises privées de nous aider à le financer, mais le Conseil d’Administration du COET-MOF a estimé que ce n’était pas souhaitable et que ce serait contraire à la déontologie. Ce sont donc les fonds publics consacrés à la formation via les branches professionnelles qui prennent le relais. »

Quel est le budget de la formation professionnelle en France ?

«Il y a 85 milliards d’euros en France pour la formation professionnelle et nous avons sur ce sujet un trou dans la raquette : 25 milliards sont consacrés aux salariés en entreprises, mais je pense qu’on a environ 10 milliards dont l’attribution est un peu vague. Ce serait bien que cet argent soit consacré véritablement à la formation. »

Comment les OPCO sont-ils mobilisés ?

« Tout d’abord, il faut préciser que le COET-MOF doit organiser les épreuves pour plus de 180 métiers avec des épreuves qui n’ont rien à voir, des prix de matières premières qui différent énormément mais surtout des filières professionnelles qui ne fonctionnent pas de la même manière. Nous travaillons avec beaucoup d’OPCO* sur le financement mais chacune réagit différemment. Là, on est en plein dedans, on avance petit à petit. »

Comment ça marche concrètement pour les candidats ?

« Le candidat doit mobiliser son compte personnel de formation (CPF) et l’OPCO remboursera l’entreprise. S’il est dans un petit établissement, les fonds mutualisés peuvent compléter. S’il est salarié d’une entreprise de plus de 50 personnes, la société bénéficiera d’une défiscalisation au titre de la formation. Quoi qu’il en soit, nous accompagnons les candidats dans ce nouveau fonctionnement. Hier encore, pour un charcutier qui n’avait pas le montant suffisant sur son CPF, nous avons appelé son entreprise puis son OPCO et nous avons trouvé des solutions. L’objectif est que cela leur coûte zéro. Hormis bien sûr les entrainements personnels qu’ils veulent mettre en place de leur côté. » 

De toutes façons, on n’a pas le choix ?

« Sur les différentes étapes et notamment la première, (celle du « positionnement » rendue obligatoire par la loi), c’est le principe de l’équité qui prévaut par rapport aux autres certifications : Si les candidats ne passent pas ce stade, ils ne pourront pas aller plus loin et nous serons condamnables vis-à-vis des certificateurs et de la Caisse des Dépôts. Par contre, la situation apprenante est une étape facultative.»

Vous reconnaissez que ce flou sur les frais d’inscription n’était pas souhaitable ?

« Oui, c’est vrai que nous ne sommes pas très bons sur la communication : on doit informer les candidats en prenant la peine de se mettre à leur place. Là, nous étions dans une communication professionnelle assez technique type « financement de plan de formation », comme si on s’adressait à un organisme de branche habitué de ces dispositifs. Mais d’un autre côté, on attend beaucoup de réponses officielles et ce n’est pas possible d’informer les gens sur un fonctionnement qui n’est pas fixé. Pour le MOF Cuisine, on n’a pas encore de commission de choix de sujet, pas d’arrêté… Pour l’instant on a envoyé des courriers à 100 salariés et 200 chefs d’entreprise et on travaille avec les OPCO pour que les prises en charge soient maximales. Mais on ne sait pas du tout comment la loi va s’aménager sur les prochains mois. On ne peut pas communiquer de manière précise sur une certification qui n’existe pas à ce jour. On espère avoir des éléments plus concrets d’ici fin novembre 2020. Mais on va faire plus attention à la manière de nous adresser aux candidats. »

Alors maintenant, qu’est-ce-qu’on fait ?

« Que les candidats ne baissent pas les bras. Allons-y une étape après l’autre. Le COET-MOF est entièrement disponible pour les accompagner dans leur démarche et trouver des solutions de financement avec leur entreprise et leur OPCO. On a encore le souci de quelques inclassables qui sont les auto-entrepreneurs ou les retraités, on y travaille. » 

* Le 1er avril 2019, onze opérateurs de compétences (OCPO), chargés d’accompagner la formation professionnelle, ont été agréés. Ils remplacent les anciens organismes paritaires collecteurs agréées (OPCA). Ces opérateurs de compétences ont pour missions de financer l’apprentissage, d’aider les branches à construire les certifications professionnelles et d’accompagner les PME pour définir leurs besoins en formation.

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