Pendant deux jours, nous avons suivi la finale du MOF Cuisine 2022 à Grenoble. Pour être au coeur de ce concours exceptionnel sans déranger les candidats, nous avons marché sur des œufs en jouant au téléobjectif. Tous les quatre ans, le Concours des Meilleurs Ouvriers de France Cuisine est une démonstration d’excellence et l’une de nos missions au Cœur des Chefs, c’est de vous donner envie de le passer. On vous emmène ?
Qui sommes-nous ?
Avant de commencer, une petite précision sur Le Cœur des Chefs : pour ceux qui nous connaissent peu, nous sommes un média indépendant qui se donne pour mission de promouvoir les métiers de la gastronomie, de mettre en valeur les producteurs et les réflexions culinaires. Particulièrement attachés au concours du MOF, nous avons consacré plusieurs jours pour ce déplacement à Grenoble et autant au retour pour trier et travailler les photos afin de les mettre à votre disposition aujourd’hui. (Galerie-Photo en fin d’article. Merci de ne pas publier sans le copyright Le Cœur des Chefs).
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Le palmarès des huit MOF Cuisine 2022
Les huit lauréats du concours Mof Cuisinier/ Cuisinière 2022, 27ème promotion du Concours L’Un des Meilleurs Ouvriers de France sont :
David Alessandria (La Prairie, Clarens en Suisse)
David Boyer (Chef/traiteur en Haute Vienne)
Louis Gachet (Couvent des Minimes, Alpes de Haute Provence)
Guillaume Goupil (Paris)
Yann Maget (Le Bristol à Paris)
Tom Meyer (Granite à Paris)
Jérôme Schilling (Restaurant Lalique au château Lafaurie-Peyraguey à Bommes en Gironde
Kenichiro Sekiya (Chef exécutif Joël Robuchon à Tokyo)
Des semaines, des mois de travail
Ils y sont allés. Ils se sont décidés, ils se sont inscrits, ils ont surmonté deux sélections successives, et à chaque étape, ils recommençaient tout à zéro. Ils se sont entraînés sans relâche dès que le sujet leur était envoyé, ils ont fait des blancs avec le chrono en ligne de mire, ils ont choisi leurs ingrédients, organisé leur mise en place, cherché (longtemps..) un camion frigo, et ils sont venus à Grenoble.
La veille au soir, ils sont arrivés au Lycée Hôtelier du Clos d’Or, ils ont déchargé leur matériel et ont fait vérifier tous leurs ingrédients par le jury. Après ça, ils ont essayé d’aller dormir. Un peu.
Le jour où tout se joue
Le lendemain matin, ils ont été accueillis par le jury cuisine : le trio du MOF Cuisine était là (les Vice-Présidents Jacques Maximin, Michel Roth et Christophe Quantin) ainsi que Philippe Girardon : le chef du Domaine de Clairefontaine à Chonas L’Amballan tenait à cette finale en Isère et a eu carte blanche de la part du Président Alain Ducasse pour l’organisation.
L’Isère en force
Dans le cadre de la finale du concours du MOF Cuisine, le dynamisme du département à été plus que démontré. Philippe Girardon a impliqué autour de lui, (outre l’école hôtelière de Grenoble, impeccable sur tous les plans, avec des professeurs aux petits oignons et des élèves enthousiastes), l’ensemble des acteurs économiques incontournables de son territoire. Les caves de Chartreuse bien sûr, mais aussi de nombreux leaders mondiaux industriels dont l’Isère peut se targuer et qui ont été partie prenante dans les différents accueils.
Nul doute que cette manière d’impliquer le territoire pour le mettre en lumière à l’occasion du MOF fera date, et les autres finales à venir s’en inspireront.








Dans la galerie-photo, quelques moments volés de nos huit MOF Cuisine 2022 : en cuisine, au dressage ou à l’envoi, parfois de très loin (vive le téléobjectif !) pour ne pas les déranger pendant leurs épreuves.
Pendant le concours de l’Un des Meilleurs Ouvriers de France
Et on commence par un hommage aux commis tirés au sort, qui rencontrent le finaliste quelques minutes avant de démarrer les épreuves : superbe exercice de transmission des consignes et de management « spontané » pour ne fait qu’un alors qu’on ne se connait pas.
Dans la galerie photo, la team Tom Meyer, juste après l’envoi du dessert : beau trio, soulagé après cinq heures de marathon : il ne reste plus qu’à ranger et nettoyer. Egalement Stéphanie le Quellec avec ses deux commis en fin d’épreuve.
Ambiance feutrée ou très vivante
Chacun le vit et le gère selon sa personnalité. Pour la plupart des candidats, le rythme est soutenu pendant les épreuves mais dans les échanges avec les commis, ça chuchote et ça murmure. Chez d’autres, le travail est particulièrement vivant.
« Vas-y mon poulet ! On y va ! »
L’union dans la difficulté a créé un lien immédiat avec les commis, qui peuvent être galvanisés par l’enjeu : nos échanges avec eux le soir ont mis à jour leur fierté d’avoir accompagné les candidats, mais ils confient aussi qu’ils ont senti sur les épaules la pression de la responsabilité. Tous nous confirment que c’est une sacrée expérience, dont ils se souviendront toute leur vie.
Certains nous ont envoyé des messages émouvants : « C’était une expérience incroyable et j’espère que Le Cœur des Chefs sera encore là dans quinze ou vingt ans lorsque je passerai le MOF à mon tour… »
Alors, Erwan, je ne sais pas si on sera encore là, mais rien que pour ça, je vais essayer de me maintenir en forme pour tenir jusque-là ! (Mais vingt ans, non, faut pas pousser…)
Le jury cuisine
Parité parfaite entre chefs MOF et non MOF, les deux jurys ont été dans l’échange constant et n’ont pas toujours la même vision, d’où l’intérêt de les mixer. Ils sont proches des candidats pour observer attentivement le travail, mais discrets dans leur manière de se parler entre eux. Dans les cuisines, on entend seulement le travail des finalistes et de leurs commis.
Dans la galerie photo : Le président du concours Alain Ducasse passe discrètement une tête dans les cuisines pendant les épreuves, mais attendra la fin de passage du dernier finaliste avant de retrouver Jacques Maximin d’une manière plus détendue.
L’évolution des critères
Si le type de sujet reste assez classique dans sa technique, afin de garantir une équité de jugement lors de la dégustation (dressage identique, donc la différence se fera sur le goût), les critères cuisine ont évolué avec le temps : hormis l’organisation du travail et du plan de travail, l’attention du jury se porte également sur la manière de manager les commis et l’absence de gaspillage des produits.
Le jury dégustation
En dégustation, les chefs sont placés dans des alcôves de type « isoloirs de vote », séparés par des paravents opaques : aucun bruit, aucun échange. Personne ne parle. Les assiettes sont présentées puis servies de manière anonyme, les chefs notent et se retrouveront uniquement en délibération. Et ce sera long…
Après les épreuves, l’attente
Après avoir rangé leur matériel, les candidats se retrouvent dans une salle, rincés mais soulagés d’avoir fini. Et l’attente commence. (Voir article « Palmarès MOF Cuisine 2022 à Grenoble)
Pendant ce temps, les jeunes de l’École hôtelière de Grenoble, site du Clos d’Or, accueillent le jury (cinquante chefs) pour la séance de dédicace organisées pour eux. Les uns se font signer une toque ou même leur veste. C’est l’occasion de discuter avec les chefs et ce moment nous rappelle Le Touquet : cet élan de jeunesse qui faisait une queue interminable dans les couloirs du Lycée pour rencontrer les chefs en 2018, on le retrouve en 2022. (Voir article MOF 2018 au Touquet)
La jeunesse motivée pour faire ce métier, elle est là, nous l’avons rencontrée !
Entre joie et déception
Juste après les résultats des MOF Cuisine à Grenoble : la salle est partagée, mais tous se tombent dans les bras. Avant toutes choses, chacun cherche sa famille, son épouse, ses enfants, puis les chefs qui les ont formés et soutenus.
Les finalistes font front collectivement : ceux qui ont échoué viennent féliciter leurs confrères et sont heureux pour eux. La plupart sont amis dans la vie, et pour la vie. Bien souvent, à ce niveau, la cuisine est une famille et ils sont frères et sœurs.
Un challenge contre soi-même
Grenoble restera certainement un bon souvenir pour tous. Parce-que cet énorme challenge personnel, cette course contre soi-même et contre le temps, est une expérience qui fait grandir. Et même si certains l’avaient tenté auparavant et sont d’autant plus déçus, il reste qu’être finaliste du MOF prouve déjà que l’on est une sacrée pointure.
Citation
Jacques Maximin dit souvent : « Pour réussir le MOF, il faut être là, il faut être prêt, au bon moment. Tu peux être un excellent cuisinier mais ne pas être dedans ce jour-là. Alors, il faut recommencer. »
Les exemples sont nombreux de ceux qui se sont accrochés et l’ont eu à la troisième ou quatrième fois. Ne lâchez pas. On sera là.
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Concours des Meilleurs Ouvriers de France : Au cœur du MOF Cuisine 2018
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FINALE MOF 2022 à Grenoble
