Lors de l’événement « La Battle des Chefs » organisé par Champagne Nicolas Feuillatte dans son siège à Chouilly, nous avons pris un temps précieux à son Chef de Caves, Guillaume Roffiaen. Depuis sa prise de poste en 2014, il transmet son énergie aux 5000 vignerons adhérents. D’accompagnements techniques en assemblages, récit d’un collectif qui avance ensemble.
Une histoire de transmission
Lorsque nous entamons notre entretien avec Guillaume Roffiaen, un nom arrive très vite : « Jean-Pierre Vincent est le Chef de Caves fabuleux qui m’a précédé. Pour lui, il y a deux visions du vin. La première, ce sont des choses très précises, très ciblées et on ne fait que ça. La deuxième façon de faire, c’est de s’obliger à choisir ce qui nous convient le mieux et mettre à l’écart des vins dont le profil ne s’intègre pas au style de la Maison, grâce à notre expérience de l’assemblage et la richesse de nos différents crus. Alors chaque année, on gère tous types de vins clairs, on déguste, on catégorise, on recherche la fraîcheur et les aromatiques mais surtout, on estime le potentiel de garde en mettant en réserve des vins très prometteurs. »
« Faire en sorte que 1 + 1 égale plus que deux : voilà la règle de l’assemblage de champagne. Notre mission : qu’un cru formidable associé à un autre tout aussi formidable donnent bien mieux ensemble et soient transcendés par leur mariage. »
La réserve pour garantir l’avenir
Guillaume Roffiaen nous explique son “traumatisme de l’orage de grêle“. « 7 juin 2012 : je suis Chef de Caves chez Michel Drappier à Urville. Une année difficile qui succède à 2011, qui était une année moyenne… J’étais alors dans une philosophie qui consistait à mettre en réserve les vins qui s’intégraient moins facilement aux assemblages. Mais dans ce cas, au bout de quelques années, vous vous retrouvez avec une réserve de vins qui ne sont pas au niveau, et que vous ne voulez surtout pas ajouter dans vos assemblages. Mais la prise de risque est trop importante. Lorsque vous subissez un événement climatique après une année moyenne, vous n’avez aucune solution. En réserve, il vous faut donc des vins qui auront un potentiel de contribution positivey compris sur le long terme. Ainsi, on garantit l’avenir. Un vigneron peut le faire à son échelle, et il pourra ainsi utiliser ses réserves, mais il aura peut-être du mal à garantir la régularité du style dans la durée. Nous nous efforçons de préserver ce potentiel et cette continuité. »
« En réserve, il faut des vins qui auront un potentiel de contribution positive. Ainsi, on garantit l’avenir ».
Guillaume Roffiaen, Directeur Vignes et Vins du Groupe Terroirs & Vignerons de Champagne ;
Chef de Caves de Champagne Nicolas Feuillatte
« Je n’ai pas un métier, j’ai une passion. »
« Mon prédécesseur m’a également guidé sur la manière de fédérer l’équipe autour du projet. Aujourd’hui, avec eux et avec nos vignerons adhérents, nous avons la main collectivement : c’est à nous tous, ensemble, de trouver des solutions. C’était un sage, il a amené la continuité, la rigueur de travail, la bonhomie du chef de cave qui travaille dans le plaisir. D’ailleurs, je n’ai pas un métier, j’ai une passion. Bien sûr, être aujourd’hui Directeur Vignes et Vins du groupe, cela m’oblige. Cela me rappelle mon niveau de responsabilité : derrière cette mission, il y a des hommes et il y a 20 millions de bouteilles par an. Alors on ne joue pas, mais on aime ce que l’on fait ! »
L’accompagnement des vignerons adhérents
Pour accompagner les 5000 vignerons adhérents, Nicolas Feuillatte a mis en place à la fin des années 90 un programme d’ampleur inédit, (appelé en interne la ‘Champagne Academy’), pour les aider en s’adaptant à leurs besoins. Un équipement technique, des compétences et des solutions de commercialisation, bien sûr, mais aussi un accompagnement au vignoble. Des formations afin d’améliorer les pratiques, à commencer par la conduite de la culture selon les aléas climatiques : conseils d’effeuillage coté levant pour améliorer l’aération du rang, ce qui va réduire le risque de botrytis et inverser l’obligation de traitement, ou au contraire un effeuillage modéré afin d’éviter le risque d’échaudage, pour que le soleil ne grille pas les raisins.
Les réunions de bouts de parcelles
« Cela se passe souvent en réunion de bout de parcelles : on se retrouve par petits groupes pour décider ensemble, en fonction des conditions climatiques, de la conduite à tenir pour les prochains jours. Avec le temps qu’il a fait au printemps, nous devons gérer le mildiou, la coulure et le millerandage. Les gelées ont parfois donné des regains, lorsque le gel a détruit la première floraison. On échange aussi sur les suivis de maturation lorsque nous sommes plus proches des vendanges. »
« Cet accompagnement technique de nos vignerons adhérents, c’est un modèle gagnant-gagnant : la force du collectif, une entraide en cas de souci technique ou d’accident de matériel. Cet outil, c’est le leur : il leur appartient. »
Guillaume Roffiaen, Directeur Vignes et Vins du Groupe Terroirs & Vignerons de Champagne,
Chef de Caves de Champagne Nicolas Feuillatte
Prise de hauteur sur la conversion en Bio
Les techniciens viticoles sont aux côtés des adhérents toute l’année pour les accompagner sur la taille non mutilante, la résistance des raisins aux maladies, le couvert végétal, les périodes de taille, la qualité des raisins et du pressurage, mais aussi le réglage des pulvérisateurs : « Un détail technique qui leur a permis parfois de réduire de moitié le temps passé dans les rangs. Ce n’est pas rien ! On se sert des expériences des uns et des autres pour répondre à leurs questions et expliquer les bonnes pratiques qui ont permis aux vignerons de trouver des solutions. Nous sommes passés en l’espace de quatre ans de 15 ha à 66 ha convertis en agriculture biologique : cette prise de hauteur nous permet de les accompagner sur leur propre transition, pour qu’ils soient mieux en maîtrise de leur activité et de leur modèle. »
« Les vignerons nous confient leur moût et nous leur restituons aussi une part sous forme de bouteilles. Nous les accompagnons, nous leur apportons notre expertise, nous leur donnons toutes les armes pour se battre. Et ce sont eux les chefs d’entreprise !
Guillaume Roffiaen, Directeur Vignes et Vins du Groupe Terroirs & Vignerons de Champagne, Chef de Caves de Champagne Nicolas Feuillatte
Repères
- Champagne Nicolas Feuillatte est la marque la plus vendue en France en volume, et la troisième à l’exportation.
- 5000 vignerons passionnés réunis en coopératives.
- Une variété exceptionnelle de crus : 11 des 17 Grands Crus et 26 des 42 Premiers Crus de Champagne.
- 2 100 hectares sourcés dans tous les territoires de l’Appellation : du Massif de Saint-Thierry à la Vallée de la Marne en passant par la Montagne de Reims, la Côte des Blancs, la Côte de Sézanne, la vallée de l’Ardre, le Vitryat et la Côte des Bar.
- En 2024, la marque Nicolas Feuillatte est devenue Fournisseur Officiel de la Team France Bocuse d’Or.
Aller plus loin :
L’article « La Battle des Chefs Nicolas Feuillatte »
Découvrez ici les réels et publications qui ont couvert l’événement :
Récit d’une journée joyeuse chez Nicolas Feuillatte !
Et c’est parti ! Récit de la Battle des Chefs chez Nicolas Feuillatte.
Remise des prix de la Battle des Chefs
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